Les Oranjes éliminent le Brésil et se taillent une place en demi-finale pour la Coupe du monde : l’équipe hollandaise semble promise à un brillant avenir si on en croit les analystes… à moins que les Allemands ne s’en mêlent. Enfin. Nous ne sommes pas ici pour parler de sport, et si les Pays-Bas s’y entendent en foot, l’étiquette hollandaise Enfant Terrible se charge cet été de nous prouver qu’ils ne sont pas en reste question musique synthétique underground. Après s’être distingués par la publication de plusieurs compilations d’avant-garde internationale (voir notre post précédent), le label se tourne enfin vers la scène locale et nous en propose un recensement musical nec plus ultra.
Kamp Holland, c’est ainsi, selon les propres termes d’Enfant Terrible, deux vinyles d’électronique minimale, proto-elektro ou pop avant-garde: la volonté de transcender les genres est affichée et revendiquée au sein de cette collection iconoclaste. L’ensemble, d’un intérêt constant à défaut d’une qualité soutenue, oscille entre des chansons dansantes de facture classique auxquelles s’opposent plusieurs pistes instrumentales. La nature plus ou moins accessible de ces dernières (on varie des rigolotes Pterodactyl Extraordinaire par Pornologic ou La Hars de Logosamphia, aux plus bruitistes Slaapstaking de Puin + Hoop et NONO de Peter Quistgard) compte d’ailleurs pour beaucoup dans l’aura expérimentale qui se dégage de prime abord à l’écoute de la compilation. Certains seront peut-être rebutés par les changements fréquents et radicaux de tempo et d’ambiance qui surviennent d’une piste à l’autre, changements qui peuvent rendre plus difficile une écoute suivie des disques; pour notre part, nous préférons saluer le courage de l’étiquette qui ose nous offrir un produit différent et authentique. À chacun ensuite d’en juger selon ses propres goûts et inclinations.
Quant aux quelques morceaux plus appropriés aux mains des DJs underground d’ici et d’ailleurs, il y en a pour tous les goûts, des pistes très pop à celles plus dark d’influence gothique (on pense à la quasi-EBM Bye Bye des Lesbian Mouseclicks – Enfant Terrible reste fidèle à lui-même). Trois nous ont tout particulièrement plu et nous vous les offrons ici en écoute : les joyeuses lignes de synthétiseur de Ruimtevaart Vooruit par Staatseinde nous renvoient à une synth-pop début 1980 à la Stahlnetz; Hunter Complex nous proposent des rythmes résolument plus disco avec une Desert que ne renierait pas Tobias Bernstrup; enfin, les amateurs de minimal wave trouveront leur compte avec Allégement de Milligram Retreat, entre basse robotique, voix éthérées et bruits de radio-transistor. Si l’aventure vous dit, vous pouvez mettre la main sur une des 623 copies limitées de Kamp Holland au www.enfant-terrible.nl/enfant17.html.
Georges Dimitrov